lundi 19 mars 2018

Retour de Fugue en Mode Mineur (A)




EuroDif.net
N° : 0314 L
Le Rapport M°
12 juillet 2015


                     Presque 40 Ans !
                                Retour de Fugue en Mode Mineur




« ... Presque quarante ans ont passés ... sans faire ni bruit ni mousse
La soirée s'étire un peu ... en palabres derrière le dessert
L'instant est paisible ... convivial et sans heurt
Échanges cordiaux ... fraternellement
Les mots répondent aux mots
Art de la conversation

D'ultimes cigales ... autour du silence
Qui bientôt bordera la nuit qui vient
Entonnent leur final avec emphase
La conversation ronronne un peu

Quand tombe de loin soudain ... comme une banale question
Une question ... comme celles qui n'attendent pas de réponse
Une question greffée sur la conversation ... comme si de rien
Inscrite à la volée ... elle passait par ici ... pour être entendue
Une question aux allures bénignes et anodines ... l'air de rien
Qui se tapait gentiment l'incruste ... dans le mou de la soirée
Avec l'art de se discrètement répandre ... en volutes moirées

Gentiment ... presque silencieux ... avec à peine un vrai ronron
Comme un chat ... assis là dans l'angle mort de la conversation

Une question balise ... exposée à l'air libre ... juste pour y être aperçue
Une question phare ... librement manifestée ... soudaine épiphanie

Une question phares & balises ... pour être battue par les vents
Une question orpheline ... jetée dehors ... comme si de rien
Une question en place publique ... nue comme un vers
À peine une question ... peut-être une exclamation

Nous voilà le 11 juillet 2015 ... l'instant plutôt convivial va sans heurt
À fleur de cimes ... avec un geste ample ... Brënnews vient de se lâcher
Surfant sur le creux de notre conversation ... et sur ses vagues souvenirs
Comme si toutes choses n'étaient plus faites ... que de vent ... et de papier
Sur un ton neutre ... distance et hauteur ... avec un imperceptible désintérêt
Pareille aux fossiles … remontés sans préavis des entrailles de notre histoire
Brënnews vient juste de poster en basse orbite ... la vraie question subsidiaire

Il vient de poser l'anodine question ... il me l'a posé sans même faire un bruit
Ni vue ni connue ... l'accessoire question est là ... à disposition ... à mes pieds
Et toute fluette et toute discrète fut-elle ... j'en perçois encore la tiède mélopée

" ... C'était avant ... ou après ta fugue ? ... que … et patati ... et patata ... "
( j'ai oublié la suite ... je suis resté figé ... cette onde revenait de si loin ... )

Une fois ... Trois fois ... Cinq fois ... Dix fois ...
J'entends la question revenir comme un jingle
Je me repasse en boucle ... l'étrange requête
Cette si précieuse demande de précisions
Posée ... sur un ton parfaitement badin
Et d'un allant tellement nonchalant
Légère ... une jolie désinvolture
Avec une telle hauteur de vue
Je me repasse ... en boucle
La petite formule inédite
La question ... banale
La question furtive
De Brënnews B.

" C'était avant ... ou après ta fugue ... ? " ... ( en fait ... je n'ai retenu que cela )

Ces quelques mots m'était-ils seulement audibles ? sur ce mode-là … ?

J'en frissonne ... toute la nudité de la question se cache derrière le " ta "
Derrière le " ta " de " ta fugue " ... qui me désigne comme du doigt
Il n'y a pas d'issue possible ... " ta fugue " il s'agit bien de moi

" ... C'était avant ... ou après ta fugue ... ? " ... vient de me questionner Brënnews
J'ai cru avoir levé les yeux ... mais non ... en fait je n'ai même pas bougé d'un cil
La question est descendue sans claironner ... en léger suspend … pas longtemps

Sans y paraître ... et sans espérer aucune réponse ... sans aucunement insister
Il poursuit la conversation ... il soliloque ... je reste défait … juste défait

C'est bien la toute première fois ... en quarante ans de saga familiale
Que j'entends prononcer le mot " fugue " ... devant moi et à mon propos
Le mot " fugue " ... à propos de la mienne de " fugue " … ma fugue à moi!
Celle qui aurait pu ne jamais exister … elle qui n’aurait jamais du voir le jour
Flottait soudain … à peine audible … à peine revendiquée … mais bien présente
Dans l’anodin vocable libéré … et solidifié soudain dans la vérité d’un réel partagé

FUGUE … FUGUE … FUGUE … FUGUE … FUGUE … FUGUE … FUGUE
Quelque chose en moi l’aurait chanté encore et encore … mais l’habitude du silence
Quelque chose de calcifié … avec un goût de cendres … me laissait incapable de chant

Bien que de façon quelque peu biaisée ... c'est aujourd'hui la toute première fois
Qu'il m'échoit soudain d’entendre ce mot … depuis si longtemps tu … en famille

L'évocation de ce vieil évènement ... dont la réalité restait jusqu'à présent inédite
Possédait quelque chose de bien enkysté ... mais qui n'avait jamais été verbalisé
Jamais exprimé … jamais évoqué … une fugue qui n’avait jamais due exister
Sinon dans le silence d’une famille … cinq sujets mutiques dans une tombe

C’est la première fois que l’ombre morte de cette histoire ... s’avance et montre le nez
Comme si le monde entier s’ouvrait soudain ce soir … par la voix plane de Brënnews
Comme si par sa bouche … l’histoire accouchait ce soir … sans douleur et sans bruit

Rien n'avait bougé à l'entour ... rien n'a frémi ... pas un souffle
Comme si de rien n'était ... c'est comme si Brënnews n'eut rien dit
Ou plutôt ... comme s'il n'avait pas dit ... ce qu'il avait parfaitement dit
Comme s'il ne s'agissait là … que du plus familier de nos lieux communs

Sur cette conversation des plus ordinaires ... qui filait son train nocturne
Flottait encore l'écho de la question badine … la fugue en mode mineur
Travaillée ... comme un bijoux d'apparat ... la question paraissait trôner
Sans éclat mais finement ciselée ... elle luisait des feux vifs de l'instant
Mais sur les chairs meurtries du vocable muet ... elle avait perdue sens

Ou alors ... il eut fallu tenir et dérouler le fil de la parole ... quand le fer était chaud
L’étamer de suite à la chaleur du fer ... éviter qu’elle ne s’oxydât et ne rouillât
Empêcher qu’elle ne se perde en s’en retournant ... la reprendre au bond
La renverser lentement sur elle-même ... jusqu’à ses vraies racines

Mais ... comme si le temps avait trop longtemps asséché les berges du réel
Comme s’il ne pouvait plus plus se couler ... dans le fleuve des mots usuels
Par manque d’usage ... par manque de mise en bouche ... de prise de paroles
Par pénurie de partage et de sens commun ... ou par défaut de saine cordialité
Le musical phonème " FUG " ... disparut de la partition qui aurait pu-t-être lue
Elle ne reparut pas jusqu’à présent ... pourtant Brënnews était musicien pianiste ... »



PAROLES DE M° ... issues d’" A - C "
Puis retranscrites ... par l’agent Albert Noos
Au service de notre très haute " Trans’Parente "





Dans la moiteur orangée du petit salon R-824 … " A - C " se laisse aller ... vraiment
Il semblerait qu’un plaisir souterrain ... annonce toujours l’amorce de ses confessions
Et nous sentons à son air benêt ... qu’il en sait plus que ça ... sur cette histoire de fugue

Quant à Noos ... qui cherche toujours à installer dans son fauteuil ... sa foutue carcasse
Il rêve de voir toutes ses articulations ... aux mains expertes d’une masseuse shiatsu
Une image toute intérieure ... un massage profond qui le soulage toujours un peu
Au point qu’il porte soudain attention à l’air d’" A - C " ... qui prend son élan

« ... M° avait donc fait une fugue ... c’était un fait divers ordinaire ... mais avéré
Même si les protagonistes concernés ... ne lui en avaient jamais touché mot
Pas une allusion ... pas une bribe ... pas une brise ... pas une ombre de vent
Quarante ans du silence le plus plombé ... qui se puisse partager en famille

Cependant ... même si cette courte escapade semblait n’avoir marqué personne
Ni même bénéficié d’aucune conséquence notoire ... ni d’aucun commentaire
Ni d’aucune considération ... ni même de la moindre manifestation affective
Une réalité sans trace ... de la matière sans masse ... un fait d’hiver fantôme
M° avait réellement fait une petite fugue ... et fait la nique au lien familial

Je crois me souvenir qu’il évoquait alors ... une très courte période
Huit ou dix jours peut-être ... quelque chose d’assez court en tout cas
Qui n’avait sans doute pas valu pas la peine ... de s’alarmer plus que ça
Une banale disparition ... parfaitement classique ... une absence ordinaire
A peine dix sept ans ... parti en goguette ... par un petit matin gris et frileux

Le regard embué ... les poches vides et les mains dans les poches
M° était parti ... bille en tête ... sans avoir même une bonne raison
Vous le connaissez! ... qui sais ce qu’il pouvait bien avoir en tête ?
Comme vous savez … il n’en fait qu’à sa tête … n’en parlons plus

Comme si cet événement n’avait jamais existé
Ou plutôt ... comme si M° ne l’avait jamais connu
Comme si le monde entier ... s’était alors passé le mot
Comme si toutes les parties avaient signé un contrat tacite
Ce départ matinal sans préavis était devenu le non événement
Fade … ne resterait chez M° … qu’un goût d’insurrection avortée
Et même son Amour de grand-mère … semblait n’en pas avoir eu vent

Albert Noos leva soudain la tête … et fit l’effort de la tourner vers " A - C "
Il pointait le menton ... un peu comme l’otarie pointe le nez vers son ballon
Son corps était moins souple ... moins fort ... mais l’injonction restait claire


" A - C " saisit tout de suite qu’il lui faudrait remonter un peu plus en arrière
Car en cet instant-là … partagé dans la pénombre de leur étroit salon orange
Tous les deux savaient bien que la fugue étouffée de M° … avait ses raisons
Avant de reprendre " A - C " rendit alors à l’agent Noos … son signe de tête
Et entreprit aussitôt de tourner son attention … vers des épisodes antérieurs

En effet ... il y avait bien eu pour M° un dimanche gris et légèrement pluvieux
Qui la veille ... avait annoncé ... abondé ... puis suscité son départ impromptu
Un dimanche lent ... et un peu mou ... comme il s’en traîne en pays Gâtinais

Ce fût un jour clef ... qui faisait à la fois jour d’avant ... et fin d’ultimatum
Une journée sans soleil ... coincée entre deux pans de réel ... irréconciliables
Un jour sans faim ... humide à souhait ... ingrat comme un dimanche sans pain
Une parenthèse aussitôt éclipsée ... de toutes les mémoires ... et de tout souvenir

Exception faite du précieux témoignage ... relayé par la voix monocorde d’" A - C "
Ce matin-là ... alternances de pluie fine … froide … et de tentatives solaires avortées
Odeur prégnante d’humus noyé … bise vive et récurrente … vapeur de ciels mouillés
M° était sorti vers onze heures comme s’il en était huit ... plein d’une fâcheuse vacuité
Pour faire un tour de village … comme on s’offrirait un tour de manège ou d’aquarium
Une virée fantôme … quelques rues désolées … jusqu'à la place du Martroi … solitaire
Un fantôme dans un village d’ombres … l’âme en déshérence … lointain M° errait seul

Au chant des cloches qui signe la fin de l’office … quelques fidèles traversent la place
Leur soudaine survenue ... mit un terme à l’aveugle contemplation qui envahissait M°
Fantôme parmi les spectres ... il flottait ... comme cela se fait dans les déserts ruraux
Lorsque soudain ... il fut agréablement réveillé par l’irruption inopinée de Kirsten

Blonde aux cheveux courts ... fraîche ... vive ... libre ... et radieuse parisienne
Jeune étudiante très mode ... en week-end à la campagne chez papi et mamie
Petite fille de leur paisible et moyenne bourgeoisie solognote ... elle souriait
Et la lumière passait ... crevait les nappes humides du jour ... et touchait M°
Le contraste était si grand ... et ce regard si bleu sur le gris de ce dimanche

Kirsteen et M° s’étaient rencontrés ... a priori par hasard ... par deux fois déjà
Sous le soleil blêmi de l’automne ... il leur avait été impossible de se louper
Ils arboraient tous les deux les atours et l’aplomb ... de ceux de la capitale
Ils s’étaient reconnus de loin ... dans le décor le pâle soleil les trahissait
Ils n’étaient que deux ... opportunité de deux solitudes qui s’annulent
Il n’avait nullement été question de coup de foudre ... mais de salut
Reconnaître du semblable en terres étrangères ... horizon partagé
Soleils en flaque … Kirsteen et M° ne s’étaient pas rencontrés
Ciels embués ... dans la ville éteinte ... ils s’étaient reconnus

Lors de leur seconde rencontre ... M° avait été invité chez Kirsteen
Complices sous le tiède soleil d’automne ... la béance les rapprochait
Il y rencontra les grands-parents … l’intimité du foyer ... très librement
Chêne et chaux ... Pêche / Chasse / et Nature ... briquettes et colombages
Il vécut cela comme un honneur ... les portes s’ouvraient très peu à Lörritz

En cet humide dimanche … la sortie de la messe vit leur troisième rencontre
Le contraste était si blond ... et son regard si bleu … sur le gris de la grisaille
M° aurait dû percevoir dans l’instant … le virage qui lentement s’approchait

Enjouée mais sans jouer … Kirsteen … qui savait l’éclaircie de l’après-midi
Avait alors invité M° à partager avec elle … une petite ballade en campagne
A sa grande surprise … elle lui proposait une virée en mini calèche et poney

Lui ... ignorait tout du sujet et de l’origine de l’équipage mentionné
Mais cette idée lui avait sauté au cou ... Western et Citrouille à la fois
Dans une joie à peine réprimée par l’effet de la surprise ... il acquiesça
Puis ... accompagné par cet insolite secret se rentra au domicile familial

Hormis l’aînée ... Rozêth ... qui à cette époque devait déjà séjourner en Angleterre
Tout le monde était là lorsque M° reparut à la maison ... et tout semblait à sa place
Papeuh peut-être dans son journal de courses ... Mameuh probablement en cuisine
Souphyân dans la chambre des filles ... et Brënnews guettait le retour de son frère

Ce dernier s’employait à l’époque ... à n’en pas rater une et à rester sur tous les coups
En effet ... il avait une jambe prise dans un plâtre ... suite à une opération d’un genou
Sa jambe était plâtrée de la cheville à la mi-cuisse ... mais il commençait à s’habituer
Sa mobilité allait croissante ... et il courait jambe raide ... pour ne jamais être en reste

Il ne fallut pas longtemps à M° ... pour noter que Brënnews avait déjà perçu la lumière
Cette lueur précieuse qu’avait allumé dans les yeux de M°... le regard clair de Kirsteen
Cette joie ... issue de l’idée d’avoir à échapper ... au marasme du dimanche après-midi

En dépit de sa position bouclée sur le secret ... une goutte de satisfaction avait du perler
Brënnews qui avait toujours son frère en ligne de mire ... ne pouvait laisser passer ça
Et sa curiosité se cabra dans un sourire esquissé ... qui ne le quitterait pas du repas
Brënnews pouvait bien flairer ... pour rien au monde M° n’eut lâché le morceau

Le fauteuil ne bougeant pas ... Albert bascula ses douleurs d’un côté sur l’autre
Il en profitait ... pour vérifier que son audio-krypter continuait de fonctionner
Pendant qu’ " A - C " continuait de tout livrer librement sur le sujet en cours
Seule source désormais ... et caution de ce qu’aurait pu dire ... ou dirait M°

M° ne vit pas passer le repas dominical ... il pensait bientôt découvrir l’Amérique
Le rendez-vous était fixé à quinze heures ... la fébrilité de M° attisait son petit frère
La sieste de Papeuh ... transistor à l’oreille ... s’étalerait jusqu’à l’arrivée des courses
Après quelques derniers affairements domestiques ... Mameuh irait bientôt le rejoindre

Tous les indicateurs ... semblaient être au vert
M° ... accoutumé à tellement plus d’adversité
Avait comme l’impression de rêver ... debout
Lorsque libre ... il finit par se mettre en route

M° partit à pied sans forcer la cadence ... l’humeur légère ... presque joyeuse
De la maison de retraite à la place du mail ... il n’avait pas cinq cent mètres
Mais à peine fut il parvenu au niveau du goudron ... de la route de la forêt
Il lui fallut bien constater ... qu’il était bel et bien suivi ... par quelqu’un
Poursuivi ... par son frère Brënnews que la curiosité rendait téméraire

Sa jambe plâtrée ... raidie ... ne touchait pas au sol ... tandis que l’autre poussait pédale
Et son vélo déjà ... de rejoindre M° sans effort et apparemment sans le moindre risque
Le carrosse allait-il se transformer en citrouille ... ? ... le plâtre n’irait qu’à Brënnews
Mais en l’occurrence M° avait trop à perdre pour négocier ... ou se mettre en retard

Son refus fût catégorique et définitif ... il intima à Brënnews de ne plus insister
Bien plus pour son rêve équestre ... que pour la sécurité de son cycliste de frère
Et sur ce ... il démarra au quart ... et le distança d’un pas de course très soutenu

En dépit de sa très vive curiosité ... et de ses velléités ... il n’aurait pu suivre
Mais ce fut là le seul moment ... où sa détermination put le mettre en danger
Brefs ... ces instant resteraient comme un coup de canif dans la peau du Ciel

Après quarante cinq minutes de trot ... dont M° ne conserverait aucun souvenir
Suivit d’une heure et demie ... de thé et de petit gâteaux avec les grands-parents
M° regagna ses pénates ... avec sur le coeur comme le vert de gris de la rancoeur
Il ignorait quoi ... mais il sentait bien qu’il rentrait ... plombé de quelques arriérés

" A - C " s’arrêta net ... cinq secondes
Il venait de percevoir la curiosité de Noos
Sûr ... il ne le ferait pas plus attendre que cela
Convaincu ... qu’on ne parlerait plus de Kirsten

Le retour du cowboy ne se fit pas au pas de course ... il rentra chez lui vide
L’après-midi n’avait laissé en lui que le goût du crottin ... immense vacuité
Terrible néant d’adolescent ... où n’importe quel tempête aurait pu s’inviter

La main sur la poignée de la porte ... M° senti à cet instant ... en la pressant
Que c’est le monde qui basculait avec elle ... et derrière la porte ... le chaos
La porte s’ouvrit ... M° n’eut pas le temps ... ni de respirer ... ni de réfléchir

Le ton était haut perché dans les décibels ... chacun tenait son rang
L’ensemble faisait meute ... derrière la rage autoritaire de Papeuh
Mameuh faisait corps ... et la sidération mordait déjà Souphyân

Le niveau colère ... était déjà bien monté dans les tours ... elle chauffait encore
M° n’avait pas du tout progressé ... il savait que la colère précédait la violence
Il apercevait encore la lumière du crépuscule ... au travers du verre cathédrale
Tout le monde était encore ... entre l’entrée de la maison et celle de la cuisine

M° ne savait pas encore de quoi il s’agissait ... il ne comprenait pas!
Qui disait quoi ... ? qui savait quoi ... ? qui avait dit quoi ... ? à qui ... ?
Pourquoi soudain le feu sur lui ... ? regards noirs ... et main en surplomb

Et pendant que la volée commençait de fondre ... que personne n’eut retenue
M° était soudain responsable et coupable ... du plâtre de son frangin cycliste
M° ne se rendait vraiment pas compte ... il n’avait vraiment rien dans la tête

Mon pauvre ami ... on ne pourra donc jamais compter sur lui ... inconscient !
Mais comprendra-t-il un jour ... ? ... pas un sou de jugeote ... ! tu imagines ?
Hein … imagine-t-il un peu ? n’a-t-on pas assez de problèmes comme ça ?
Mais qu’a-t-on bien fait au bon dieu pour mériter ça ... ? entendra-t-il ... ?

Le diable dans la peau ... et si son frère était tombé ... ? vous imaginez ?
M° ne sait jamais quoi inventer ! ... quand il devrait montrer l’exemple
Il ne grandira donc jamais ... il ne sait jamais quelles bêtises inventer !
Totalement irresponsable … ! on ne dirait jamais que c’est lui l’ainé !
Et patati … et patata … et patati … et patata … et patati … et patata
Les coups continuent de pleuvoir ... mais l’activité de l’orage cédait

Brënnews ne disait rien ... la peur d’en prendre une peut-être ... ?
Il était protégé par le port de son plâtre ... ou par autre chose ... ?
Il ne songea pas à rétablir un brin de vérité ... était-ce trop tard ?
Il aurait pu avancer sa part de vérité ... non ... ! il était trop tard

La volée de coups avait cessée ... le silence reprenait lentement ses lieux
M° restait hors cadre ... il se taisait ... car il n’avait plus la main ... sur rien
Et pour rien au monde ... il n’eut dit quelque chose qui pu évoquer Kirsteen

En vérité ... M° sentait qu’il venait de recevoir une série de très grandes baignes
Plutôt que la série de coups usuels ... destinée aux sanctions plus appliquées
M° pensait alors ... qu’il avait profité ... comme du bénéfice d’un doute
Et il aurait aimé connaître ... ce qu’avait bien pu raconter son frère
Pour concentrer autant de foudre ... autour de son seul plâtre
Autant de violence condensée ... autour de sa personne

Pourtant... M° ne le saurait jamais ... et quarante ans après il l’ignorait toujours
Cependant ... quelque chose en son for intérieur ... savait la place de la jalousie
Cette jalousie maladive et rampante qui plombait ... chacun des liens familiaux
Cette jalousie inhérente aux tissus affectifs ... qui intoxiquait tous ses membres

Albert était certain qu’" A - C " aurait pu embrayer ... et continuer sur le sujet
Parce que la jalousie ... on remonterai aisément jusqu’au seuil de la genèse
Or à présent ... la nuit était trop avancée pour s’autoriser un tel objectif
Non ... ! si " A - C " continuait maintenant ... ce serait pour la fugue
Il s’avait que celle-ci faisaient pivot ... dans l’anti-carrière de M° ... »


°°°